Nouvelle de Science-Fiction Rétro: Une journée dans la vie des planètes

Nouvelle de Science-Fiction Rétro: Une journée dans la vie des planètes

Avant le premier souffle, avant le premier éclair, il y eut le Silence. Et dans ce silence, les planètes naquirent comme des rêves figés en orbite.

Moi, Le Gardien des ténèbres, j’écoute le murmure de leurs jours. Ce récit n’est pas le mien, mais celui des sphères qui tournent sans relâche, chacune portant ses secrets, ses soupirs et ses révoltes. Aujourd’hui, je vous invite à tendre l’oreille — car même les mondes ont une routine… et parfois, des états d’âme.

Est-ce qu’un homme sur Mercure prend un café au petit déjeuner ? Va-t-il au bord de la mer pour ses vacances ? Est-ce que les jeunes amoureux sur Vénus se murmurent des mots tendres à la lumière de la lune ? Les boxeurs martiens frappent-ils aussi fort que Joe Louis ? Combien de temps la travailleuse de Jupiter a-t-elle pour sa pause déjeuner ? Les manteaux de vison seraient-ils à la mode sur Neptune ?

Tout ce que des siècles de débats scientifiques ont pu prouver à propos de la vie sur les autres planètes, c’est qu’il pourrait y avoir des gens là-bas — ou non. Et que ces gens pourraient nous ressembler — ou pas du tout. L’existence de la vie n’est jamais totalement niée, car on suppose généralement qu’elle est possible. Alors voyons comment ces citoyens mènent leur existence jour après jour.

Sur Mercure, par exemple, une tasse de café est un luxe inconnu, et le petit déjeuner doit s’en passer. Il n’y a pas d’eau sur Mercure. En fait, il est douteux que tout liquide y existe. Pour les vacances, la famille typique de Mercure se rend probablement à la montagne, qui couvre la planète en abondance. Mais pas de littoral — car il n’y a pas de mer. Ainsi, jouer dans les vagues est un plaisir que le Mercurien n’a jamais connu.

La vie sur Mercure est une affaire pressée. L’été dure environ un mois, tout comme l’automne, l’hiver et le printemps — et Noël revient tous les 88 jours. En calculant avec les vitesses actuelles des avions terrestres, il serait facile pour un voyageur sur Mercure de faire le tour de la planète en moins d’un jour. Mercure est à peine de la taille de notre lune. Et c’est une autre chose qui manque aux Mercuriens — une lune. Les auteurs de chansons vivent une frustration permanente.

Les romances sur Vénus doivent aussi se passer de lune. En fait, les habitants de Vénus doivent se passer du soleil la plupart du temps. Un bronzage serait un miracle pour eux. Vénus est recouverte d’une épaisse couche de nuages, peut-être profonde de 130 kilomètres…

Les télescopes les plus puissants sur Terre n’ont pas encore réussi à détecter la moindre fissure dans cette épaisse couverture nuageuse. Si les rayons du soleil parviennent à traverser cet écran, ils ne produisent probablement qu’une lumière terne et trouble à la surface de la planète, rendant difficile la lecture du journal quotidien pour les Vénusiens sans aide lumineuse artificielle. Pourtant, ces lourds nuages sont une bénédiction déguisée : Vénus est si proche du soleil que ses habitants seraient littéralement rôtis si cette couverture ne filtrait pas les rayons meurtriers.

Sur Mars, ce sont des durs à cuire qui vivent là — du moins selon nos critères terrestres. On estime qu’un Martien peut effectuer le travail de 27 humains. Et il vaut mieux qu’ils soient costauds, car la plupart ont des emplois comme creuseurs de tranchées, et le syndicat des creuseurs est sans doute le plus grand sur la planète. Ce métier leur a été imposé par nécessité : il existe de l’eau douce sur Mars, mais en très faible quantité. Pas d’océans comme sur Mercure, mais les vacanciers peuvent nager dans les canaux — voilà où interviennent les creuseurs. De gigantesques canaux, courant sur toute la planète, entourent Mars dans une tentative désespérée de conserver l’eau.

Une lune de miel sur Mars serait perturbée par la présence de deux lunes. Elles ne sont pas aussi majestueuses que la nôtre — de petits corps de seulement 10 à 60 kilomètres de diamètre — mais observer leur ballet dans le ciel martien doit être fascinant.

Un jour sur Mars dure autant qu’un jour terrestre, mais une année s’étire sur près de deux fois plus longtemps. Les anniversaires ont lieu tous les 687 jours, et l’hiver martien s’étend sur douze mois terrestres. Les manteaux en fourrure doivent tenir bien plus longtemps. Mais ce n’est pas si terrible, car l’été, lui aussi, dure deux fois plus longtemps qu’un été sur Terre.

Mars ferait des merveilles pour l’ego d’un Terrien. Avec une gravité équivalente à un tiers de celle de la Terre, on pourrait sauter trois fois plus haut, bondir trois fois plus loin et lancer une balle trois fois plus loin que d’habitude.

Tu pourrais lancer une balle trois fois plus loin qu’à l’heure actuelle. Les terrains de football feraient 275 mètres de long. Il faudrait en effet faire beaucoup d’exercice. Sur l’équateur martien, la température dépasse rarement les 18 °C. N’oublie pas ton manteau.

Les habitants de Jupiter peuvent se vanter d’être sur la plus grande planète du système solaire — mais ce n’est pas forcément un avantage. Un homme en bonne santé pèserait environ 200 kg, et les femmes rougiraient devant la balance. La gravité y est deux fois et demie supérieure à celle de la Terre. Elle est si forte que les Jupiteriens doivent se déplacer à quatre pattes la plupart du temps, car marcher debout exige un effort colossal. Les sports et les activités physiques sont donc réduits au minimum. En revanche, la conversation y est très développée — parler est la seule activité sans douleur. Et si les hommes et les femmes de Jupiter travaillent, leur journée n’est pas trop épuisante : elle ne dure que dix heures, soit moins de la moitié d’un jour terrestre. On ne bénéficie que d’une demi-heure de pause déjeuner, et on dort également deux fois moins longtemps. En revanche, l’année est une véritable épreuve — douze ans terrestres ! À 70 ans sur Jupiter, on aurait vécu 840 années.

Regarder le ciel nocturne sur Jupiter est un spectacle époustouflant. Neuf lunes sont visibles, et la nuit n’est jamais sans lune : deux ou trois sont toujours là.

En allant vers les planètes les plus éloignées, on découvre des gens toujours plus étranges, menant des vies de plus en plus insolites. Sur Saturne, tout le monde a des ailes — un peuple puissant, semblable à des oiseaux. Ils ont appris à contrôler leurs muscles alaires pour pouvoir s’endormir dans les airs, et glisser pendant des heures. Il le faut bien, car Saturne ne possède pratiquement pas de matière solide — c’est une planète essentiellement gazeuse. Elle possède dix lunes, qui servent de terrain d’atterrissage plutôt que d’objets à admirer. Les Saturniens sautent de lune en lune, en évitant bien sûr les rochers volants formant les célèbres anneaux.

Les habitants d’Uranus ressemblent beaucoup à ceux de Saturne. Ils vivent dans les airs, mais n’ont que quatre lunes à visiter. Les journées sont également limitées à dix heures, comme sur Jupiter, mais les années sont affreusement longues. Une année sur Saturne dure presque 30 ans terrestres. Sur ces planètes, on devient adulte avant même de fêter son premier anniversaire !

Saturne, Uranus et Neptune ont toutes une atmosphère polaire extrême. Un manteau de vison — ou bien plus chaud encore — serait indispensable à un Terrien pour en supporter le climat. Sur Saturne, on atteint −178 °C. Ces peuples sont robustes : pour eux, le soleil n’est qu’un minuscule point lumineux au loin.

Les habitants de Pluton restent, pour nous Terriens, un mystère. Cette planète n’a été observée que par les plus puissants télescopes. Pourtant, il se peut que les Plutoniens en sachent beaucoup sur nous, et se moquent de notre ignorance. Une chose est sûre : les hommes de Pluton ne voient probablement jamais passer une année entière — elle dure 250 ans terrestres.

Mais il serait faux de croire que tous les habitants de l’univers vivent si différemment de ceux de la Terre. Nous ne connaissons que les planètes de notre tout petit système solaire. Il existe des milliards d’autres planètes, tournant autour de milliards d’autres soleils. Il est parfaitement possible — voire probable — qu’un système ait une planète semblable à la nôtre, peuplée de gens identiques à nous.

Et plus encore : il se peut que ces planètes existent depuis bien plus longtemps que la Terre, et que leurs civilisations aient atteint un niveau bien supérieur au nôtre. Peut-être que chez eux, les voyages interplanétaires sont chose courante, et qu’ils ont déjà réglé les problèmes de déplacement entre systèmes stellaires. Les scientifiques de ces mondes lointains nous observent peut-être en ce moment même à travers d’immenses télescopes bien plus avancés que les nôtres.

Et ces êtres — qui envisagent peut-être de nous rendre visite — mènent sans doute une vie aussi ordinaire que la nôtre : avec du café au réveil, une seule lune au-dessus de leur toit, des journées de 24 heures, des années de 365 jours, un soleil dans le ciel et des océans tout autour. Ou peut-être… mènent-ils une vie encore plus étrange que nos rêves les plus fous.

Et voilà… les planètes ont repris leur danse muette, les vents stellaires effacent les traces de ce jour raconté.

Ce n’était qu’un fragment — un battement d’univers au creux de l’infini. Mais si vous avez entendu ne serait-ce qu’un murmure, alors leur solitude n’aura pas été vaine.

Je referme le journal céleste. Demain, peut-être, elles parleront à nouveau.

Cette histoire est inspirée d’un texte publié dans Planet Comics #51 (Fiction House, Novembre 1947).

Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. J'ai toujours aimé les dessins-animées et les bandes-dessinées et je vous présente mes créations et mes coups de coeur.
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